Mati Diop Remporte l’Ours d’Or à la Berlinale avec “Dahomey”
Lors de la 74e édition de la Berlinale, le 24 février, la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop a reçu l’Ours d’Or pour son film Dahomey. En prenant la parole, elle a cité l'intellectuel martiniquais Aimé Césaire, affirmant : « Nous avons le choix entre oublier le passé, cette charge qui freine notre évolution, ou assumer cette responsabilité pour avancer ». Cette déclaration illustre l’essence même de son œuvre, qui explore la restitution récente au Bénin de 26 œuvres d'art pillées par les troupes coloniales françaises en 1892.
Dahomey retrace ce processus de restitution, un mouvement initié par les anciennes puissances coloniales comme la France, l'Allemagne et la Belgique au cours des cinq dernières années.
Mati Diop a exprimé son souhait de voir son film diffusé dans un maximum de pays africains, notamment dans les écoles et les universités, pour éduquer et sensibiliser sur ces questions de justice historique.
Dans son discours à la Berlinale, Mati Diop a souligné son engagement à ne pas céder à l'amnésie historique. « En tant que cinéaste afrodescendante, je choisis de ne pas oublier », a-t-elle déclaré. Elle a également manifesté son soutien aux Sénégalais en lutte pour la démocratie et la justice, tout en exprimant sa solidarité avec la Palestine.
Le film Dahomey donne la parole à une statue anthropomorphe du roi Ghézo, qui, à travers une voix off, raconte son histoire. En utilisant la langue fon du Bénin, la statue exprime sa douleur d’avoir été réduit à un numéro – « le 26 » – dans les réserves du musée du quai Branly à Paris.
Ce prix prestigieux et le message fort de Mati Diop mettent en lumière les enjeux de la restitution culturelle et l’importance de la mémoire collective dans la construction d’une identité.
Crédit photo : Berlinale